Décembre 2025
En collaboration avec les travaux de Quocirca Print Sustainability Leaders 2025 et les témoignages de la table ronde SNESSII.
La durabilité n’est plus un argument marketing périphérique en impression. Elle est devenue un critère central de décision pour les entreprises françaises ainsi qu’un levier stratégique pour ceux qui sauront l’intégrer rapidement. Le rapport Quocirca Print Sustainability Leaders 2025 le confirme : les fournisseurs leaders accélèrent leurs investissements dans le secteur. Et le confirment par leurs actions : « La durabilité ne doit pas être une contrainte, mais un facteur d’innovation et de compétitivité« .
Du côté entreprises et plus précisément pour les décideurs IT et marketing, la question n’est plus « faut-il intégrer la durabilité ? », mais « comment en faire un avantage compétitif ? ».
Faire de la durabilité un enjeu stratégique immédiat
En premier lieu, trois éléments convergent pour faire de la durabilité un enjeu stratégique immédiat :
Une pression réglementaire croissante.
En raison de la loi européenne sur le Droit à la Réparation, les objectifs net-zéro des États membres et les nouvelles obligations de reporting RSE (CSRD) forcent les directions à agir. Ce n’est plus optionnel.
Une attente client et collaborateur explicite.
71 % des consommateurs européens considèrent la durabilité comme un critère d’achat. Vos talents aussi. Les fournisseurs leaders l’ont compris.
« Le réchauffement climatique n’est pas un gadget marketing »
Mickael Crèche, Directeur RSE chez Ricoh France.
Un potentiel économique réel.
L’économie circulaire, les certifications énergétiques et l’optimisation du TCO d’impression génèrent des économies mesurables. Ainsi, ceux qui agissent tôt réduisent leurs coûts et gagnent en résilience.
Finalement, le secteur de l’impression offre un cas d’école : c’est un domaine où la durabilité peut se mesurer, se justifier et se valoriser auprès de vos parties prenantes. Voici les 5 tendances que vous devez surveiller—validées à la fois par l’analyse Quocirca et les retours d’expérience des leaders du marché.

Tendance 1 : La transparence des données environnementales
Le constat : L’absence de données chiffrées sur l’impact environnemental des appareils d’impression reste l’une des barrières majeures à la prise de décision durable. Jusqu’à récemment, les fournisseurs restaient discrets sur le sujet.
L’évolution : Les leaders du marché (HP, Xerox, Ricoh, Canon, Epson, Lexmark) ont pris un tournant stratégique. Ils publient désormais des évaluations complètes du cycle de vie (ACV) et des données détaillées de performance environnementale. La transparence devient un argument de vente.
Ricoh incarne ainsi cette transformation. Son Directeur RSE, Mickael Crèche, l’affirme : « Notre responsabilité est d’aider les entreprises à structurer des politiques d’impression plus durables ». Ce ne sont plus des déclarations—c’est une promesse de structuration opérationnelle.
Qu’est-ce que cela change ?
La direction IT dispose dorénavant de données pour justifier les choix d’appareils auprès de la direction financière et RSE. Fin du greenwashing présumé. Les fiches d’analyse de cycle de vie deviennent aussi essentielles que les spécifications techniques.
La direction marketing, quant à elle, profite d’arguments crédibles pour le storytelling RSE. En effet, les données chiffrées (consommation énergétique, empreinte carbone du cycle de vie) sont convertibles en communications authentiques.
Action immédiate pour les entreprises : de fait, les entreprises peuvent exiger des fiches ACV (Analyse de Cycle de Vie) dans leurs appels d’offres impression. Elles vont comparer non seulement le coût d’achat, mais le TCO environnemental. Dès lors, ces données doivent être intégrées dans le reporting RSE.
Tendance 2 : Les certifications indépendantes
Le constat : Face au greenwashing croissant, les entreprises ne font plus confiance aux seules déclarations des fournisseurs. Elles demandent des preuves tierces.
L’évolution: Les certifications indépendantes comme ENERGY STAR et EPEAT deviennent des critères de sélection incontournables. Effectivement, les fournisseurs leaders les poursuivent activement et communiquent sur les réductions de TEC (Typical Electricity Consumption) mesurées par ces organismes.
Ainsi, dans la table ronde du SNESSII, les intervenants listent comme levier clé : « Sobriété énergétique : consommation réduite, veille intelligente, logiciels de pilotage environnemental ». C’est exactement ce que mesurent ENERGY STAR et EPEAT. En d’autres termes, ce n’est plus un bonus—c’est une priorité opérationnelle pour les leaders.
Qu’est-ce que cela change ?
Pour la direction IT, cela offre un filtre objectif. En effet, un appareil certifié EPEAT ou ENERGY STAR, c’est une garantie de performance énergétique vérifiée indépendamment. Moins de risque de mauvaise surprise en TCO. Il faut souligner que les réductions de consommation énergétique (20-30 % en moyenne) impactent directement la facture électrique.
Pour la direction marketing, les certifications sont des badges de confiance. Le fait est qu’elles légitiment le discours durabilité vis-à-vis des clients et collaborateurs. Elles neutralisent les critiques de greenwashing offrant ainsi une preuve vérifiable, pas une promesse. Une communication d’autant plus important pour le branding. Ajoutons à cela le rayonnement auprès de la gen Z. Un atout indéniable pour le recrutement.
Qu’en est-il en France spécifiquement ? Les équivalents régionaux (labels européens notamment) ont le même poids.
Action immédiate pour les entreprises :
- Intégrer « certification ENERGY STAR ou EPEAT » comme critère obligatoire dans les demandes de propositions.
- Mesurer l’impact réel auprès des équipes techniques : ces appareils réduisent effectivement la consommation électrique de 20-30 % en moyenne.
- Chiffrer le gain année 1 et valorisez-le auprès de votre CFO.
Tendance 3 : L’Économie circulaire devient viable économiquement
Le constat : L’économie circulaire était jusqu’à présent un concept noble mais coûteux. Les appareils remis à neuf ou refondus restaient une niche.
L’évolution : Les fournisseurs leaders innovent avec des produits « mieux que neufs ». Ces produits remanufacturés sont aussi assortis de garanties robustes. Ils déploient des modèles de location circulaire. Le marché du second cycle existe enfin. Ainsi refonte et remanufacturing deviennent commercialement viables et attrayants.
Plusieurs fournisseurs intègrent déjà cette réalité dans leurs leviers stratégiques. D’ailleurs, la table ronde du SNESSII dédiée à l’environnement en parle explicitement. « Recyclage des consommables et optimisation de la fin de vie des équipements ».
Il ne s’agit pas d’une initiative marketing. C’est une chaîne logistique structurée, avec des partenaires dédiés et des modèles commerciaux adaptés.
Qu’est-ce que cela change ?

Pour la direction IT l’alternative au renouvellement systématique est séduisante. En effet, un appareil remis à neuf avec garantie complète coûte 30-40 % moins cher qu’un appareil neuf, avec les mêmes performances. Gain budgétaire tangible et immédiat. Les modèles de location deviennent plus intéressants. Au lieu de « posséder et renouveler », vous contractualisez un « service d’impression durable ». Le fournisseur reprend l’appareil en fin de vie ; la meilleure des garantie zéro déchet.
Pour la direction marketing, c’est de toute évidence un argument narratif puissant. « Nous avons réduit nos déchets d’équipements informatiques de X % en adoptant des modèles circulaires d’impression. Nos appareils sont refondus et réutilisés, réduisant ainsi notre empreinte carbone ». Cela résonne aussi bien auprès des clients, des investisseurs que des talents. C’est authentique, mesurable, et aligné avec les priorités des leaders du secteur.
Action immédiate pour les entreprises :
- Explorer les offres « as-a-service » voire la location des fournisseurs.
- Calculer le TCO sur 5-7 ans versus l’achat classique.
- Intégrer la clause de reprise et de revalorisation du matériel en fin de contrat.
- Chiffrer l’impact : réduction des déchets, réduction des coûts, amélioration du score RSE.
- Interroger les fournisseurs. « Avez-vous une structure de remanufacturing ? ». Ou encore « À quel taux de réutilisation travaillez-vous ? »
Tendance 4 : L’Innovation matériaux : du plastique recyclé aux métaux de seconde vie
Le constat : Le recyclage en impression restait superficiel. Dans les grandes lignes, seulement quelques pourcents de plastique recyclé (PCR) dans les boîtiers, zéro effort sur les autres matériaux.
L’évolution : Deux sauts qualitatifs émergent. Tout d’abord, certains fournisseurs atteignent 50 % de plastique PCR dans les nouveaux appareils. Ensuite, l’un d’eux a franchi un cap : utiliser du métal recyclé provenant de ses propres machines en fin de vie. Finalement, les vieux appareils deviennent les composants des nouveaux.
En effet, les principaux fournisseurs incluent cette stratégie.
« Éco-conception des matériels : choix de matériaux, réduction de l’impact carbone dès la fabrication ».
Ce n’est pas un ajustement cosmétique en fin de chaîne, il s’agit plutôt d’une décision de conception qui impacte directement le coût et les performances.
Qu’est-ce que cela change ?
Pour la direction IT, c’est moins spectaculaire que d’autres tendances en termes d’économies directes, mais symboliquement et réglementairement puissant. Un appareil produit partiellement à partir de matériaux de seconde vie répond aux critères croissants de conformité environnementale et montre une maturité RSE.
Pour la direction marketing, c’est à nouveau un argument narratif concret. Une occasion d’illustrer un storytelling authentique, vérifiable, et aligné avec les priorités des leaders du secteur. Par exemple : « Notre infrastructure d’impression s’inscrit dans une économie circulaire. Les matériaux de nos anciens appareils sont recyclés dans les nouveaux modèles ». Ou encore « Nous avons réduit notre utilisation de ressources vierges de X % ».
Action immédiate pour les entreprises : Dans vos communications RSE, valorisez les appareils contenant du PCR ou des matériaux recyclés. Quant à vos fournisseurs, demandez -eur le pourcentage précis de matériaux recyclés. Intégrez-le dans vos reportings GRI ou CSRD. C’est un levier de différenciation subtile mais crédible.
Tendance 5 : L’impression 3D au service de la maintenance : pièces détachées fabriquées à la demande
Le constat : La loi européenne sur le Droit à la Réparation oblige les fournisseurs à conserver des stocks de pièces détachées pendant des années. Mais en réalité, cela a un impact environnemental caché : la fabrication, le stockage, mais aussi sur le transport de pièces qui ne seront peut-être jamais utilisées.
L’évolution : Un fournisseur leader a lancé un pilote d’impression 3D pour fabriquer à la demande les pièces détachées. Fin du stock dormant ; fabrication juste-à-temps. C’est la technologie au service de la réparation et de la réduction des déchets.
Cette tendance est encore émergente et n’a pas été explicitement citée dans la table ronde SNESSII. C’est le signal : elle existe, mais elle n’est pas encore un standard d’industrie. Elle sera progressivement intégrée au cours des 12-24 prochains mois. Les leaders optimisent déjà leurs trois autres leviers (transparence, sobriété énergétique, économie circulaire).
Qu’est-ce que cela change ?

Pour la direction IT : Implications directes sur le TCO de maintenance. Fini les délais d’approvisionnement longs pour les pièces « rares ». Fini aussi les stocks dormants chez les fournisseurs qui se répercutent dans vos contrats. Maintenance plus rapide, plus efficace, moins coûteuse. Réparation plus simple plutôt que remplacement complet.
Pour la direction marketing : C’est un signal de maturité industrielle future. « Nous avons zéro déchet de pièces détachées grâce à la fabrication additive. » C’est innovation + durabilité + efficacité opérationnelle réunies. C’est l’étape suivante, après les trois leviers actuels. De plus en plus de veille sur le sujet seront mises en place.
Action immédiate pour les entreprises : Posez la question à vos fournisseurs : « Explorez-vous l’impression 3D pour les pièces détachées ? » . Si la réponse est positive, c’est un signal de vision long terme. Intégrez-le dans vos critères de sélection pour les renouvellements futurs (2026+).
De la Conformité à la Stratégie
Pour conclure, ces cinq tendances partagent un point commun : elles transforment la durabilité d’un coût de conformité en levier stratégique.
Les leaders du secteur l’affirment sans détour : ce ne sont pas des initiatives marketing. Mickael Crèche (Ricoh) souligne que « c’est une responsabilité d’aider les entreprises à structurer des politiques durables ». Magali Moreau (Sharp) ajoute que « la durabilité doit être un facteur d’innovation et de compétitivité », pas une contrainte.
Au final, cette convergence entre l’analyse Quocirca (macro, tendances) et les témoignages des leaders (micro, actions concrètes) crée un signal clair : il est trop tard pour ignorer la durabilité. Il est temps d’agir maintenant.
Pour les décideurs IT, la durabilité impacte directement les budgets (TCO réduit, efficacité énergétique), les opérations (maintenance plus efficace, modèles as-a-service), mais aussi la légitimité auprès du CFO et du COMEX.
Pour les décideurs marketing, c’est indéniablement un argument de différenciation authentique, vérifiable, et valorisable. Tant auprès des clients et des investisseurs que des nouveaux talents.
Pour les deux : L’année 2025 marque un tournant. Les fournisseurs leaders ont fait le choix stratégique de la transparence, de l’innovation et de la responsabilité. Ceux qui tardent à agir se retrouveront sur le marché avec des appareils moins compétitifs, des données moins crédibles, et une position affaiblie auprès des décideurs français et européens.
La durabilité en impression ne relève plus du « nice to have ». Elle est devenue un critère stratégique d’efficacité opérationnelle, de résilience financière et de légitimité auprès de vos parties prenantes. Les cinq tendances décrites ici ne sont pas des prédictions : elles sont déjà en cours de déploiement.
Et surtout : elles sont validées par la parole de ceux qui les déploient. Ricoh affirme qu’elle aide les entreprises à structurer leurs politiques durables. Sharp affirme que la durabilité est un facteur d’innovation et de compétitivité.
La question n’est plus : « faut-il intégrer la durabilité ? ». La vraie question est : allez-vous l’intégrer à votre stratégie 2026-2027, ou attendrez-vous d’être contraint par la réglementation ou la concurrence ?
À Propos
L’étude Quocirca Print Sustainability Leaders 2025, qui analyse les initiatives de durabilité des dix principaux fournisseurs d’impression : Brother, Canon, Epson, HP, Konica Minolta, Lexmark, Ricoh, Sharp, Toshiba et Xerox.
La table ronde SNESSII « Impression et Durabilité : vers un modèle plus responsable » (juillet 2025), avec les témoignages de :
- Mickael Crèche, Directeur RSE, Ricoh France
- Magali Moreau, Directrice Marketing et Communication, Sharp France
La vidéo complète est à retrouver sur la page Youtube du SNESSII
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